Collioure
Dans une rue étroite de Collioure, Charles s’est arrêté, pour souffler. Il a 92 ans. C’est pentu, Collioure, et Charles habite tout en haut. Chaque jour il descend boire son café crème avec un croissant au beurre chez Paco, face à la petite plage de galets, en lisant L’indépendant. Il lit tout, en commençant par la dernière page. Aujourd’hui, il a cessé sa lecture en plein milieu d’un article. On y parlait du Peintre Soulages et de Rodez. C’est un enfant qui courait en criant après un pigeon qui l’a interrompu. Pourquoi faut-il que toujours, les enfants courent après les pigeons ? s’est il dit, et puis il a repris sa lecture.
Maintenant il remonte. Il est là, hors champ, appuyé sur sa canne. Il fait une pause. Le pommeau de sa canne est un superbe canard en ivoire. C’est un cadeau de ses amis musiciens qui l’accompagnaient sur les paquebots. Charles était pianiste et ses amis facétieux. Maintenant il ne reste plus que lui et il a le souffle court. Il est arrêté là et regarde cette rue qu’il connaît par cœur. C’est drôle comme plus je vieillis, plus j’aime la couleur, se dit-il..
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