En compagnie de J.M.G. le Clézio
(Lac de Charpal, Lozère, 26 juillet)
Il y avait un lac, des montagnes, un vieux couple qui dormait dans une 4L fourgonnette aménagée.
C’était aux environs de Gap, dans les Alpes. J’avais moi aussi une 4L fourgonnette, rouge, chargée du décor d’un spectacle que je jouais dans les écoles.
J’étais assis devant ma tente, une canadienne bleue, sur l’herbe sèche. La pente descendait jusqu’au lac, la vue portait loin, nous étions fin mai, la soirée était douce, j’avais 25 ans.
Je lisais « Désert » de J.M.G. Le Clézio. C’était le premier livre que je lisais de lui.
« Ils sont apparus, comme dans un rêve, au sommet de la dune, à demi cachés par la brume de sable que leurs pieds soulevaient. » C’est la première phrase du livre. Il y a le paysage, puis les hommes.
Je fus happé par la grâce de ce moment, les mots de Le Clézio qui m’emportaient bien au delà des sommets, ces gens à quelques pas, qui préparaient leur bivouac après m’avoir salué, le paysage, la lumière qui baissait lentement.
J’ai lu jusqu’à ce qu’il fasse trop sombre, puis j’ai dormi comme un bienheureux, avant de descendre au petit matin dans la vallée pour jouer mon spectacle.
Le Clézio n’a cessé de m’accompagner; l’homme autant que l’écrivain me touche.
En refermant son dernier livre, Alma, il me semble entendre à côté les pas furtifs de Dodo, l’un de ses personnages. Je repense à cet instant dans les Alpes en compagnie de l’auteur.
Sans doute s’inscrivait sur ces pentes herbeuses tout ce qui avait été et allait être.
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