jeudi 20 août 2020


Je suis...éleveur


(Mas-d’Azil, Ariège, 20 juillet, 9h 30)

Je faisais une pause sur la route aux abords de la grotte du Mas-d’Azil.
Il était encore tôt, le bar et la boutique de souvenirs étaient fermés, il n’y avait que deux hommes, silencieux, à distance l’un de l’autre, assis à l’ombre d’un arbre, et un âne qui attendait, tranquille. L’homme le plus âgé portait un sac de toile en bandoulière. C’était un bel homme, d’une quarantaine d’années, grand, le visage buriné, les cheveux bouclés éclaircis par le soleil, vêtu d’un short et d’un t-shirt rouge, chaussé de grosses chaussures de marche. L’état de ses vêtements laissaient penser qu’il devait dormir à la belle étoile depuis pas mal de nuits. Le deuxième était beaucoup plus jeune, un visage d’adolescent, les joues rougies, un lourd sac à dos à ses côtés.
Au moment où ils allaient repartir, je leur ai demandé où ils allaient. L’homme le plus âgé m’a répondu, dans un mauvais français, d’une voix aussi ferme que douce. Ils faisaient le chemin de Compostelle, aller et retour, depuis l’Allemagne d’où ils venaient, trois mois de marche avec l’âne. Le jeune homme nous regardait avec un léger, très léger sourire. C’est votre fils? ai-je demandé. Non, c’est programme pour jeune, je suis… élévateur…éleveur. Il voulait dire éducateur. Mais le mot éleveur, avec un accent tonique sur le e, me semblait soudain tellement juste et beau. Au XII ieme siècle cela voulait dire « celui qui élève moralement ».
Je me suis dit que ce jeune homme avait bien de la chance.

1 commentaire:

  1. I'm not sure the translator handled that one perfectly, but I got the essence and enjoyed the though.

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