vendredi 8 octobre 2021


La première page d'un livre

(Forêt de Rambouillet, 12h 20)

Je suis déjà passé par ici.

C’était en février. Il y avait de la neige, des traces de pas dans la neige.

Le volet était ouvert, la vitre cassée. C’est cette ouverture, un oeil noir entre les arbres , qui avait attiré mon regard. Le 13 février, à la même heure exactement (cf post du 13 février).

Cette fois ce sont les ombres des feuilles sur les murs bleus qui m’arrêtent. 

Une écriture. Celle des arbres témoins de ce qui est advenu. La première page d’un livre.

Un enfant est né sous ce toit. Sans un bruit. Retenir le cri. D’instinct. L’instinct d’une mère qui depuis si longtemps contient son cri. Lèvres closes à l’instant de la mise au monde.

L’enfant comprend qu’il faut attendre, il faut attendre pour le cri, pour le chant.

Le regard de la mère, la joie dans son regard. Pas sur ses lèvres closes.

Elle emmaillote l’enfant de lambeaux d’étoffes qui disent le chemin parcouru.

Le cri d’une buse, dans le ciel. Alors la mère, la bouche collée à l’oreille de l’enfant, murmure, un murmure comme le pas d’une fourmi.

Écoute, c’est une buse. Au prochain cri de l’oiseau, vas y, donne lui ton souffle, ton cri ne fera qu’un avec le sien.

À nouveau, le cri de la buse dans le ciel. Et le cri de l’enfant, bref, comme le passage de l’oiseau.

C’est un garçon.

1 commentaire:

  1. All manner of stories in that little shack... The trees have seen a lot.

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