Atomic Bowl
(Amnéville, Moselle, 15h 50)
Le bras droit lance la boule, il se tend vers les quilles tandis que le buste pivote légèrement, le bras gauche vers l’arrière. Mais c’est surtout le mouvement de la jambe droite, la pointe du pied glissant sur le parquet derrière la jambe gauche, qui fascine Kévin, l’instant, quand la boule touche la piste, où tout le corps d’Adèle est une diagonale en suspension, une flèche qui transperce son cœur. Adèle ne bouge plus tandis que roule la boule, Kévin suit la trajectoire, penche la tête à l’inverse du corps d’Adèle comme s’il voulait retenir la silhouette de la jeune femme dans cet équilibre précaire, comme s’il voulait disparaître définitivement au croisement de ces lignes et forces contradictoires qui lui semblent être l’expression la plus parfaite de la grâce.
Alors quand la boule atteint son but, dans le fracas des quilles entrechoquées, Kévin gueule, il gueule son amour et son désir, il ose ce que le silence lui interdit, il gueule des mots de bucheron, des mots taillés dans le bois brut, des mots qui se perdent dans l’explosion des quilles.
Aucune quille n’est restée debout. Tandis que la machine les remet en place, Adèle se retourne, elle sourit.
L’a-t-elle entendu? Qu’a-t-elle entendu? C’est si difficile de dire je t’aime…
Ah--- I remember times like that.
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