Ernst
(Pont Mirabeau, Paris 15ième, 13 décembre, 18h05)
Ernst.
Un prénom dont on aurait fauché des voyelles.
Bancroche à la naissance puis une vie comme une photo sale.
Une vie avec des bouts en moins, une vie à ne pas savoir où se mettre.
Ernst, traduction de l’allemand: grave, sérieux.
Il avait essayé. Mais non. Était-ce un manque ou un trop de quelque chose?
Ce qu’il savait faire, après tant d’années?
Attraper la nuit, attraper la lune, ramasser des plumes, coller des mots et en faire des secrets.
C’est le 21 décembre, la nuit la plus longue.
Ernst est assis sur une grille qui crache la chaleur du métro.
La maraude du secours populaire vient de passer.
Ça va, ça va bien, je ne bouge pas, il me faut de l’air, vous comprenez?
Non, on ne comprend pas, mais on le laisse. À force, on le connait.
Ernst, celui qui a les yeux qui bougent sans cesse, celui qui n’est jamais bien loin de la Seine.
Ernst, l’homme qui porte trois manteaux hiver comme été.
Ernst, l’homme qui sourit qu’il fasse -10 ou + 30 degrés.
La nuit la plus longue, pas loin du Pont Mirabeau.
Ernst sent les vibrations d’un train qui passe, en dessous.
Il se souvient d’un vieux poème.
Et nos amours, le deuxième vers.
Il boit au goulot, un rhum offert par une amazone.
Et sur la Tour Eiffel étêtée par la brume se posent tour à tour des visages.
Autant de visages que de compagnes et compagnons de route,
pour habiter la nuit la plus longue.
Ernst.
That's a very fine night shot-- That's not easy. Ernst is mysterious-- but then, what isn't?
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