L'arbre et le noyé
(Étang de Saint-Cucufa, 1er mars, 17h 45)
L’arbre n’est pas mort
L’arbre n’est pas tombé
Il est penché, très penché
Il écoute l’eau qui bruisse
Le poisson qui passe
Le gros qui avale le petit
Il écoute le chant du noyé
La lumière qui s’éteint
tandis qu’il s’enfonce
Le chant des regrets
qui deviendront sédiments
L’arbre était debout
Il a vu l’homme défait
Vaciller sur le bord
Abandonner
Tomber droit comme un i
Alors il s’est penché
les branches tendues
À fleur d’eau
Mais l’homme a sombré
Les bras le long du corps
Droit comme un i
L’arbre n’a pas compris
Il est resté couché
Stupéfait
Il ne voit plus l’homme
Au fond de l’eau
Il entend le chant
Des hommes défaits
Pourquoi ont-ils laissé
La vie lestée de chagrins
Au fond de l’étang
Pourquoi
L’arbre reste là
Penché
Au printemps foulques et canards
Se reposent sous les feuilles
À fleur d’eau
Et l’enfant qui court
En équilibre sur le tronc
L’entend murmurer
Pourquoi
Et l’enfant lance un nom
Un nom qui ricoche sur l’eau
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