Un bon chien
(Awala-Yalimapo, Guyane, 4 juin, 11h 10)
Je passais par là.
Il y avait un homme assis dans le sable. Il pêchait. Sa canne était plantée à deux pas au bord de l’eau. Il ne la regardait pas. Il regardait le bois de l’ancien ponton. Le bois noir, fendu, sur lequel s’agrippait quelques coquillages, le bois fantôme. C’est son chien qui veillait sur la canne. Un bâtard hirsute et maigrichon, assis immobile, langue pendante, les yeux fixés sur le haut de la canne.
Bonjour. C’est orageux…C’est votre chien?
Oui… Bonjour
La pluie, ça fait venir le poisson?
Non… Asseyez vous… C’est un bon chien. Il a veillé sur moi quand je me suis pris des éclats, il a léché mes plaies. Tu connais un humain qui ferait ça?
Des éclats d’obus?
Oui, de l’autre côté du fleuve…
Mais la guerre au Surinam, c’était en 86, un chien, ça vit pas trente-cinq ans.
Peut-être bien… N’empêche que lui il est là, et il lèche toujours mes plaies….Les éclats, ils dorment sous ta peau, ils peuvent ressortir des années plus tard. Quand ça sort, il lèche.
Soudain, la ligne s’est agité, le chien a aboyé, et l’homme s’est levé en disant:
C’est un bon chien. Il va pleuvoir…
I was about to say--- it looks cold. And then I saw it was French Guiana. And another vivid story.
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