Une forêt pétrifiée
(Forêt de Rambouillet, 18 janvier, 14h 10)
Il rêvait d’une forêt pétrifiée, perles de glace aux branches, feuilles qui cassent et craquent sous les pas, quand le froid l’a réveillé. Le jour se lève à peine. Il remonte jusqu’aux épaules la couverture qui est à ses pieds, il se recroqueville dans le lit comme une bête qui se love et s’enfouit sous la paille. Il garde les yeux ouverts. Il doit être six heures, la lumière n’est franche qu’à sept heures trente, nous sommes début septembre, cette fraicheur est précoce. Il écoute la rue, les premières voitures, les éboueurs ne devraient pas tarder. Les oiseaux se taisent, moins nombreux à la fin de l’été. Il se tasse un peu plus, une main entre les cuisses l’autre sous l’oreiller. Il n’a plus sommeil mais il ne se lève pas, il commence tout juste à se réchauffer. Il n’a pas besoin de se lever, personne ne l’attend ce matin, ni demain, ni après demain. On lui a pourtant souhaité une bonne rentrée, mais comment répondre qu’on ne travaille plus, qu’on ne fait plus qu’inventer des projets qui ne verront jamais le jour. Alors il ferme les yeux, quelques bribes du rêve reviennent, il veut retourner dans cette forêt, reprendre son rêve, s’endormir à nouveaux, fouler les feuilles de verre entre les troncs noirs, il y a quelque chose à découvrir dans le sous bois, il en est sûr, quoi, il ne sait pas, si ce n’est que c’est important, vital même. Il fait chaud maintenant sous la couverture, il se détend. À l’instant où il se rendort, il se dit que c’est pas mal comme projet, explorer cette forêt pétrifiée.
Ce texte est très émouvant, vivant et illustratif. Très beau, touchant et rempli d'espoir et d'amour. Merci. Bises Pierre
RépondreSupprimerAh--- the dream you want to go back to! Usually I only go back to the ones that I'd prefer not to go back to. The picture grabs me by the throat. It wants me to think it's like an etching, but it's far more. Well done, Pierre.
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