mardi 31 décembre 2024

 

Alignement des planètes

(Hendaye, 9h 20)

Le 21 janvier  Mars, Jupiter, Vénus et Saturne s’aligneront. Le 28 février ce seront toutes les planètes du système solaire qui seront alignées. Un alignement des planètes signifie une concomitance exceptionnelle d’évènements favorables. J’aimerais ne pas en douter. Très belle année à tous.

lundi 30 décembre 2024

 

Autoportrait d'un joueur

(Hendaye, 12 décembre, 10h 40)

Gratouiller la souche pattes en l’air

et

Faire Chifoumi avec son ombre

dimanche 29 décembre 2024


Miniatures éphémères 

(Vaucresson, 26 décembre, 11h 45)

Mésozoïque



samedi 28 décembre 2024

 

Des douceurs pour le nouvel an

(Vaucresson, 10h 35)

Ils habitent une chambre de bonne dans l’immeuble en haut de la colline du parc aux grands arbres. Elle a enfilé deux manteaux, deux paires de bas, son bonnet et  la capuche par dessus, ses chaussures fourrées avec une fermeture éclair sur le dessus,  elle a pris son caddie, elle a dit je file à la boulangerie nous acheter des douceurs pour le nouvel  an. Lui est resté au chaud sous la couette, faisait 0°ce matin là. Elle a descendu la colline. Elle s’est arrêtée pour regarder un écureuil courir sur un arbre , disparaître derrière le tronc, réapparaître un peu plus haut, aller au bout d’une branche, faire demi tour, disparaître à nouveau, est-ce le même qu’hier s’est-elle demandé. Elle s’est arrêtée pour regarder passer un vol d’oies sauvages surgies du brouillard en cacardant, elle est restée immobile la tête levée jusqu’à ce que le son s’éteignent loin dans la brume, là bas vers l’étang de la Marche s’est-elle dit. Elle s’est arrêtée pour  regarder de petits fils de givre qui pendaient aux branches tels de fins colliers de perles, elle a attendu  qu’ils fondent , comme ils ne fondaient pas elle a soufflé un nuage de son haleine chaude sur les perles, un petit nuage sur un collier de perles qui fond,  quand était-ce la dernière fois où il a gelé s’est-elle demandé. Elle s’est arrêtée pour regarder jouer deux grands-parents avec leur petit fils, ils jouaient à chat  sous les grands arbres, le gamin avait les joues rouges, le grand-père qui boitait un peu se faisait attrapé à chaque fois, il n’y avait qu’eux et elle dans le parc embrumé, elle s’est rappelé avoir joué à chat avec son homme un jour d’hiver dans les rues pentues de Lisbonne. Elle s’est arrêtée devant une guirlande de traces  d’oiseau sur le chemin blanc de givre, trois traits noirs à chaque pas, elle s’est demandé quel oiseau c’était, un gros sûrement, un corbeau peut-être, ici les gros, corbeaux, pies, perruches chassent les petits. Elle est sortie du parc, le portail a grincé, elle est restée là un moment à ouvrir et fermer le portail pour l’écouter grincer,  ça grinçait comme la boite au lettre de la dame dont elle s’occupait, la dame ne voyait plus, elle lui lisait son courrier, la dame est morte à l’automne, elle s’est demandé si quelqu’un avait nettoyé la tombe après les dernières tempêtes. Elle est passée devant l’église, le curé encombré de ses béquilles, il était tombé en scooter, c’était un curé qui roulait vite, le curé à la jambe cassée donc avait  du mal à ouvrir la porte, elle l’a aidé, il lui a dit merci, elle a dit de rien, elle n’a pas dit qu’elle n’aimait ni la vitesse, ni les églises,  mais elle l’a pensé. Dans la Grande Rue elle  a croisé madame Sophie, elles ont parlé du temps, des enfants, des chats qui mangent les oiseaux, des pavés qui font trébucher, de l’homme bizarre qui erre dans le quartier, des travaux chez l’ancien boucher,  du curé et des voitures qui roulent trop vite. À la boulangerie, elle a  pris une quiche, une pizza, un croissant au jambon, et puis un friand saucisse, un éclair café, deux même, ça c’est trop bon on coupe pas en deux, oh  et puis ça aussi et encore ça, et ça là-bas c’est quoi, ça a l’air bon mettez m’en aussi, ah oui, j’allais oublier les chouquettes, mettez en vingt, on les mangera en regardant la télé, il en raffole mon homme. Quand elle est sortie les rayons du boulanger étaient à moitié vides. Au retour il fallait s’arrêter souffler de temps en temps dans la côte, le caddie était bien lourd à tirer. Elle a salué un voisin qui promenait son chien, ils se sont souhaité une bonne année, et ci et ça et encore ça. Elle a regardé deux trois trucs qu’elle n’avait jamais remarqué comme tous ces nœuds en bas du tronc du vieux châtaignier.

Elle a poussé la porte  de leur chambre. Son homme était toujours sous  la couette, en train de lire Moby Dick.

C’est moi…J’ai pas été trop longue?

Non mon cœur, comme d’habitude.

vendredi 27 décembre 2024


Sur le sentier côtier 

(Sur le sentier côtier du Jaiskibel, Pays basque Sud, 16 décembre,15h 50)

Quelques marches taillées dans le rocher sur le sentier côtier. Le vieux ne franchit pas le col. Il s’assoit sur les marches. Il attend la vieille qui marche plus lentement. Ils franchiront le col ensemble et, ensemble ils s’émerveilleront devant les montagnes qui s’étendent jusqu’où porte la vue les pieds dans un océan d’argent. Ils connaissent ce chemin par cœur.

jeudi 26 décembre 2024

 

Une grande armoire

(Hendaye, 13 décembre, 17h 35)

Il y avait dans une maison d’enfance quelque part dans la montagne une très grande chambre avec une très grande armoire. En arrivant, après avoir ouvert les volets, on ouvrait l’armoire où s’empilaient draps et couvertures,  de gros draps d’autrefois avec des initiales brodées et des couvertures de laine ou coton de toutes couleurs. Ouvrir les volets et faire les lits, le  premier jour des vacances. Cette armoire sentait délicieusement bon.

Il y a quelques semaines nous avons vidé une  autre maison, d’autres vies, d’autres souvenirs et aussi de grandes armoires dont plus personne ne veut. Je les ai  démontées et en ai gardé une, une grande armoire claire avec de magnifiques portes en loupe d’orme.

Elle est  maintenant en pièces détachées au fond de mon garage. Je la remonterai un jour pour y empiler ma collection de ciels.

mercredi 25 décembre 2024

 

Conte de noël

(Parc floral de Paris, 24 décembre, 21h 05)

Ils étaient tous là, les enfants, les parents et les grands-parents. On s’extasiait aux sons de musiques électroniques dans le parc illuminé peuplé de géants synthétiques. Soudain une  chouette bien réelle hulula bien plus haut que les chants artificiels. Le grand-père tendit l’oreille, se redressa et disparu dans un trou noir sous les grands pins. Ce fut la panique, on avait perdu le grand-père. Les enfants l’avaient vu filé dans les fourrés. L’est parti par là crièrent-ils à l’unisson avant de trisser à sa suite. La panique redoubla, on avait maintenant perdu le grand-père et les  enfants dans  la nuit noire et le crachin d’hiver, fallait les retrouver avant la fermeture du parc. La grand-mère dit: ne vous inquiétez pas, je connais mon homme, allons chercher  dans les coins les plus sombres. Petit à petit les lumières se sont éteintes, les chants se sont tus, sauf celui de la chouette, les derniers visiteurs sont sortis, on a fermé à clé les  portes du parc.

Au petit matin les gardes découvrirent dans un bosquet, sous une superbe chouette hulotte posée sur une branche, une famille entière tout sourire et un peu mouillée, blottis les uns contre les autres comme des pingouins sur la banquise.

Le grand-père dit aux gardes: Merci pour tout, c’est le plus beau noël que nous avons passé!

mardi 24 décembre 2024


Joyeux Noël 

(Parc floral de Paris, 20h 30)

C’est Noël. On vient en famille voir l’Odyssée lumineuse, dinosaures, mammouths, lions, pirates,  sirènes, licornes,  une foule de géants de lumière, géants de tissus et fil de fer, si fragiles, jusqu’aux mariachis qui entonnent la fin d’un monde. Joyeux Noël!

lundi 23 décembre 2024

 

L'avion de 7h 45

(Hendaye, 17 décembre, 8h 30)

L’avion de 7h 45 vient de passer, un chien aboie, un volet grince, la montagne repousse le ciel, les lits sont encore chauds, combien sommes nous ce matin à nous sentir moins seuls en regardant se lever le jour?

dimanche 22 décembre 2024

samedi 21 décembre 2024

 

La craie  magique

(Artzuportu, au pied du Jaiskibel, Pays Basque sud, 16 décembre, 15h 10)

Un géant de pierre et une sorcière échevelée avec un arbre sur la tête veillent sur Artzuportu. C’est Jon qui les a dessinés avec sa craie magique. Ce que Jon dessine avec cette craie se réalise. Jon est le héros d’un livre de Zinken Hopp illustré par Gian Berto Vanni, La Craie Magique, éditions Hatier. Ce livre date de1959. J’en ai un exemplaire rafistolé avec du gros scotch. Il me fut offert par mon oncle Pierre quand j’étais petit, sans doute mon premier livre. Jon se dessine un ami de craie, Sofus, avec qui il va vivre de sacrées aventures. Ce conte et ces illustrations sont de toute beauté. Il me semble que depuis ce jour Jon et Sofus n’ont cessé de m’accompagner, plus ou moins discrètement, de même que mon oncle Pierre, le peintre Pierre Igon mort en 2006.

vendredi 20 décembre 2024

 

Grand-Mère la Terre

(Hendaye,12 décembre, 17h 20)

Les pieds dans l’eau Grand-Mère La Terre frissonne de joie

jeudi 19 décembre 2024

 

J'attends

(Paris-Gare-de-Lyon, 21h 45)

J’attends

À la gare

J’attends une fille

J’attends Sophie

Il y a longtemps que je n’avais pas attendu

Une fille dans une gare

C’est ben l’fun

mercredi 18 décembre 2024

 

Un rituel

(Hendaye,  17 décembre, 8h 35)

L’école est à 200 m de la plage. Elle ouvre à 8h 30. Chaque matin une fillette et sa mère viennent voir la mer juste avant l’ouverture  des portes. Elles arrivent vers 8h 15, restent une dizaine de minutes en silence face à l’océan, un rituel,  jamais plus de dix minutes, il ne faut pas être en retard à l’école. Ce matin les couleurs du ciel sont telles que la fillette applaudit à tout rompre, et la mère regarde le ciel et sa fille sans voir le temps passer.

mardi 17 décembre 2024

 

Matin

(Hendaye, 8h 40)

Ce matin, je suis un passereau palpitant au creux d’une large paume.

lundi 16 décembre 2024

 

L'homme à tête de vache

(Sur les pentes du Jaiskibel, au dessus d’Artzuportu, Pays-Basque espagnol, 14h 25)

Le ciel est clair, l’air est vif, je suis le sentier côtier du Jaiskibel,  de partout l’eau coule le long des pentes, un pan entier du sentier s’est effondré, il faut remonter, passer plus haut, se frayer un chemin dans les fourrés. J’aime les détours obligés, on y fait des découvertes, de nouvelles rencontres. J’arrive au dessus du Port d’Artzu, une crique étroite ouverte par un ruisseau qui jaillit dans une bambouseraie au pied d’un grand rocher. J’affectionne ce lieux, ce petit bout de lointain. La pierre sombre, les bambous, quelques très vieux platanes, une minuscule plage de sable blanc incitent à la rêverie. C’est la première fois que je viens d’en haut, en suivant l’eau qui cascade. En bas  je surprends un homme en train de laper l’eau du ruisseau. Un homme avec une tête de vache, un long mufle, de grande cornes parfaitement symétriques. Il porte un pull jacquard et un short d’où dépassent de maigres jambes et derrière une courte queue dotée d’un épais toupillon. À mon approche, il se lève et me salue. Il parle lentement, chacune de ses phrases précédée d’un long MMMMM.

MMMM bonjour. Tu es le premier homme que je rencontre depuis des siècles. MMMM Les dernières tempêtes et et les pluies torrentielles m’ont chassé de mon trou. Je suis un fils caché de l’égyptienne Hathor. MMMM Je dormais dans un sarcophage enfoui sous le sable de la vallée des rois quand un trafiquant d’antiquités m’a enlevé. Nous avons traversé la Méditerranée, franchit le détroit de Gibraltar, remonté l’Atlantique vers le nord. MMM le navire a fait naufrage dans le Golf de Gascogne, les vagues et les courants m’ont déposé sur cette côte escarpée. Depuis je vis ici dans un trou de roche, à l’écart des hommes et des dieux. MMMM j’attendais quelqu’un qui parle aux arbres et aux rochers…

dimanche 15 décembre 2024

 

Miniatures éphémères



(Hendaye, 12 décembre,11h 10)


Laisse de mer

samedi 14 décembre 2024

 

À petite foulée dans les flaques

(Hendaye, 8h 55)

À petite foulée dans les flaques, elle ne pense à rien.

Ou peut-être si.

Que ce sera une belle journée, qu’elle pourrait s’envoler.

vendredi 13 décembre 2024

 

Une voile solitaire

(Hendaye, 17h 30)

Une voile solitaire

Dans la douceur du soir

Et la couleur s’impose

Au-delà de la noirceur du monde

jeudi 12 décembre 2024

 

Tirer un trait

(Hendaye, 8h 25)


(8h 30)


(8h 35)


(8h 40)

Tirer un trait
refaire
le même geste

mercredi 11 décembre 2024

 

La corde sur l'étagère du haut

(Hendaye, 17h 10)

C’était un jour pour se pendre, le ciel qui pèse, la lumière qui peine, les nouvelles qui bégayent, les douleurs qui reviennent. Il s’est souvenu qu’il avait ce qu’il fallait, dans la grande armoire du salon, sur la dernière étagère. Quand il a ouvert l’armoire, le soleil a troué le ciel, tracé un trait sur la plage, jusqu’aux maisons, jusque chez lui, jusqu’à la corde sur l’étagère du haut. Il a vivement refermé l’armoire.

mardi 10 décembre 2024

 

Ford Falcon Station Wagon

(Hendaye, 16h 15)

Ça a soufflé dur samedi et dimanche, j’ai jamais vu ça me dit Paul.

La tempête a charrié du bois. Une  partie reste en haut de la plage, l’autre s’en va avec la marée. Nous surfons entre des billots à fleur d’eau.

Ce matin j’ai cru voir des bois de cerf dans la laisse de mer. Un bref instant, vision de troupeaux emporté par les flots. Ce n’étaient que des branches parmi d’autres, et pourtant…

À 16 h la houle a baissé, le paysage a les lignes et les chromes d’une bagnole, une Ford Falcon  Station Wagon noire de 1963, qui trace à rebours avec les planches qui dépassent à l’arrière.

lundi 9 décembre 2024

 

La dot

(Forêt de Rambouillet, 20 novembre, 12h 25)

Quand il vint faire sa demande en mariage, le père avait hoché la tête et dit à sa fille: Montre lui. Elle l’avait pris par la  main et l’avait conduit à une cabane dans un bois serré et clôturé de grillage. Voilà ma dot, avait-elle  dit, une cabane et quelques feuilles. Quand il pleut le toit fait un joli bruit, avait-elle rajouté. Il avait répondu : Moi aussi j’aime la pluie. Ils se sont mariés un jour de giboulées. La robe était modeste, celle de la mère reprise à sa taille, la cérémonie fut sans éclat, le curé n’aimait pas ces gens qui allaient nus pieds et ne se confessaient jamais, le repas fut frugal et les convives rares et rébarbatifs, on était en période de disette et la moitié des gens du pays étaient partis chercher une vie meilleure. Mais la nuit de noce sous le petit toit de tuiles dans le bois zébré d’éclairs et bousculé par le vent fut sublime.

dimanche 8 décembre 2024

 

Miniatures éphémères

(Vaucresson, 6 décembre, 11h 50)


Dos d’âne

samedi 7 décembre 2024

 

Le Ponton

(Sundbyholm, Lac Mälar, Suède, 15 juillet 2016, 17h 45)

Ça sonne creux sous le ponton, clapot  et talons des chaussures qui vont au bout. Le bout  du ponton, une fin ou un début, c’est selon.

Il venait là dans les bras de sa mère, attendre le père, guetter la barque, blotti contre ce corps inépuisable dont le  parfum calme l’inquiètude.

Il venait là  aux premiers jours d’été, plonger  dans l’eau froide avec les gars et les filles, s’étendre sur le bois chaud, chercher comment dire je  t’aime.

Il venait là solitaire, guetter l’apparition du Kraken.

Il venait là avec ses enfants, prendre le large dans la vieille barque, faire connaissance à grand coup de rames.

Ça  sonne creux sous le ponton, le  clapot et la canne qui tape jusqu’au bout.

Toujours il vient là,  regarder, juste ça.

vendredi 6 décembre 2024

 

Cohabitation

(Vaucresson, 9h 15)

Il reste quelques feuilles à la Glycine qui donne de la lumière au Noisetier déjà couvert de chatons. Ces deux là s’entendent bien.

jeudi 5 décembre 2024


Un môme chagrin 

(Mazères-sur-Salat, Haute-Garonne, 20 septembre 2017, 15h 05)

Ses parents ont gueulé: Fiche le camp, faut qu’on discute. Savait pas si c’était pour baiser ou se cogner. Ce qui est sûr c’est que ça aller durer et qu’il passerait encore la nuit dehors. Il a pris sa balle et s’est tiré à l’ancienne usine près de la rivière. Il a commencé à la faire rebondir contre les cuves rouillées. C’est comme ça dans les films, quand il y a un môme chagrin, il fait rebondir une balle, c’est répétitif et ça résonne. Il en a eu vite marre, il a balancé sa balle dans la rivière, il l’a regardé partir avec le courant, sa balle jaune dans l’eau noire. Après, il a compté les rivets sur la tôle. Quand il en a eu marre, il a regardé tourné l’ombre de l’ergot métallique sur la plaque. Il s’est endormi avant que l’ombre ne disparaisse.

mercredi 4 décembre 2024

 

Rouges baisers

(Ånnaboda, Suède, 14 juillet 2016, 18h05)

C’était  l’été,  nous étions deux enfants dans un sous bois couvert  de mousse et de myrtilles. Nos  baisers étaient rouges.

mardi 3 décembre 2024

 

Sur la rivière Mataroni

(Rivière Mataroni, Guyane, 8 mai 2010, 16h 50)

Je reviens sur les chemins, je reviens sur les images, je reviens sur les histoires, je creuse la mémoire. Aucune  nostalgie. Aller voir à nouveau comme polir une pierre ou un bois précieux. Tant de choses nous échappent. Enfant, j’avais cette joie  de fouiller dans les greniers. J’ai maintenant mon propre grenier. 

Nous sommes sur la pirogue  de Christophe  amarrée  à un bois tombé sur la rivière Mataroni. Le moteur est relevé, nous lavons notre vaisselle et nos vêtements. Ici, la rivière est propre, pas encore polluée par le mercure des orpailleurs. Pourtant Christophe  est armé, on n’est jamais à l’abri  d’une  mauvaise rencontre. Le lendemain,  avant de partir en excursion en pleine  forêt,   Christophe cachera la pirogue au fond d’une crique sous les feuilles, le moteur un peu plus loin, la pagaie ailleurs. Nous nous taisons. On n’entend que l’eau qui coule des assiettes rincées et du linge essoré, et la jungle, insectes, oiseaux, singes, grenouilles. La rivière respire, une brume légère au dessus de l’eau. Tout autour, des parois végétales, mouvantes, terriblement attirantes. Mes yeux  se plissent à fouiller les frondaisons dont j’ignore toujours  le secret des années après. L’intuition d’en faire partie.

Ce soir je cherche encore dans le noir de la  photo, ce qui nous lie.

lundi 2 décembre 2024

 

Les livreurs

(Saint-Malo, 14 novembre, 14h) 

On leur  a dit, vous  livrez le canapé en haut  du plongeoir de la piscine d’eau de mer. Ils n’ont pas posé de question, ils ont livré le canapé  et ont filé avant la marée haute.




(15h 30)



(17h 20)


dimanche 1 décembre 2024