Sur la rivière Mataroni
(Rivière Mataroni, Guyane, 8 mai 2010, 16h 50)
Je reviens sur les chemins, je reviens sur les images, je reviens sur les histoires, je creuse la mémoire. Aucune nostalgie. Aller voir à nouveau comme polir une pierre ou un bois précieux. Tant de choses nous échappent. Enfant, j’avais cette joie de fouiller dans les greniers. J’ai maintenant mon propre grenier.
Nous sommes sur la pirogue de Christophe amarrée à un bois tombé sur la rivière Mataroni. Le moteur est relevé, nous lavons notre vaisselle et nos vêtements. Ici, la rivière est propre, pas encore polluée par le mercure des orpailleurs. Pourtant Christophe est armé, on n’est jamais à l’abri d’une mauvaise rencontre. Le lendemain, avant de partir en excursion en pleine forêt, Christophe cachera la pirogue au fond d’une crique sous les feuilles, le moteur un peu plus loin, la pagaie ailleurs. Nous nous taisons. On n’entend que l’eau qui coule des assiettes rincées et du linge essoré, et la jungle, insectes, oiseaux, singes, grenouilles. La rivière respire, une brume légère au dessus de l’eau. Tout autour, des parois végétales, mouvantes, terriblement attirantes. Mes yeux se plissent à fouiller les frondaisons dont j’ignore toujours le secret des années après. L’intuition d’en faire partie.
Ce soir je cherche encore dans le noir de la photo, ce qui nous lie.
The steamy corner of the river makes me suspect mysterious things live there.
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