vendredi 14 février 2025

 

Le Zango


(Macouria, Guyane, 12 avril 2019, 17h 55)


Nous dinons ce soir au Zango, rue du Cygne dans le 1er arrondissement.

Le Zango, l’arbre du voyageur, l’arbre providentiel, variété de bananier en éventail. L’orientation sur un axe est-ouest de ses branches et l’eau dans les écailles de son tronc ont sauvé la vie à plus d’un voyageur égaré.

Avec Florence nous parlons des dictateurs, de l’argent qui brûle tout sur son passage, de la résistance, de la lutte armée, de la fin d’un monde, des forêts, de survie, de la confiance perdue comme un oiseau sans une branche où se poser, de la difficulté d’envisager l’avenir. 

Le constat est terrifiant, mais  nous sommes heureux de nous retrouver, nous buvons, nous mangeons, la conversation se fait  plus légère. Le Zango est un bel endroit.

Et Florence nous raconte cette histoire, un souvenir de jeunesse, un souvenir d’Italie. Il pleut des trombes,  c’est le soir, elle marche sur le trottoir, elle marche sous la pluie, tête baissée, une  voiture  s’arrête à sa hauteur, un homme descend, il laisse sa voiture au milieu de la rue, derrière ça klaxonne et ça gueule, à l’italienne, l’homme ne dit rien, il ouvre un parapluie et accompagne Florence en silence un bout de chemin en  la protégeant de l’averse, jusqu’à ce qu’il réalise qu’il a laissé sa voiture au milieu de la rue et fasse demi tour. 

La beauté d’un geste, un geste sans attente de retour, le temps d’une histoire nous oublions les monstres au pouvoir.

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