Cancans
(Étang de Saint-Cucufa, 3 décembre, 16h 25)
Un bonnet à grosses mailles qui tombe sur ses épaisses lunettes, une moustache des années Brassens, un manteau gris aux manches retroussées, Gédéon descend allègrement la route de Villeneuve vers l’étang de Saint-Cucufa. Troisième d’une fratrie de cinq, né par le siège, doté dès sa naissance d’un fort esprit de contradiction, petit homme au long cou, il fut affublé d’un prénom de canard et rejeté par ses frères. Sa solitude forcée le porta vers la gente plumée dont il appris assidûment le langage. À force de sifflements, caquètements, croassements, hululements, gloussements, piaillements, gazouillements, babils, roucoulements, cancans et autres chants ses joues, lèvres et langues acquirent une extraordinaire souplesse. C’est en fin d’après-midi qu’il se rend chaque jour dans le bois de Saint-Cucufa pour s’adonner à son passe temps favori, la conversation chantée. Les oiseaux l’attendent, se passent le mot, se réjouissent de sa venue, car cet homme a beaucoup à dire.

Precioso conjunto de brillos sobre el agua que parece arrastrar algo extraño.
RépondreSupprimerAbrazo