Un 13 décembre
(Montarlot, Seine-et-Marne, 13 décembre, 14h)
Je m’en vais jouer à Collemiers dans l’Yonne. Comme d’habitude, je prends de petites routes propices aux rencontres. Il y a du brouillard, des corbeaux, et peu de monde sur la route. À Montarlot j’aperçois un vieux qui marche sur le bas côté un bouquet à la main. Je m’arrête.
Vous allez loin? Je peux vous emmener si vous voulez.
Oh merci, je vais au cimetière, c’est pas loin, mais je peine un peu…
Il monte. Le vieux sent le feu de bois et le tabac froid, ses souliers son trempés.
Je vais salir…
Non, non, ne vous en faites pas.
C’est pour Rosa, roses et freesias, j’ai été les chercher chez Nadine à Moret. Rosa, elle est morte le 13 décembre, un vendredi, l’an passé. Bon, on s’y attendait, elle était malade, mais un vendredi 13 quand même, faut pas exagérer…
Toutes mes condoléances. Moi, ma femme elle est née un treize décembre, c’était un mardi. Elle aime aussi les freesias.
Le cimetière est à deux kilomètres, sur une butte. De là on voit la route se perdre dans le brouillard sous la ligne à haute tension.
Merci, vous m’avez bien avancé. Je vais lui raconter à Rosa, on a du temps maintenant.
Il me serre la main. Il voit que je suis distrait par le vol d’un corbeau au dessus d’une voiture noire.
Ne vous inquiétez pas, me dit-il en rigolant, aujourd’hui c’est samedi.

Que bonita historia Pierre. Habla de ayuda, de solidaridad, de sentimiento humano y de ausencia. La foto acompaña al texto con esa extensión silenciosa.
RépondreSupprimerUn abrazo
Yes--- a lovely story. I long for the peacefulness of your stories.
RépondreSupprimer