Ahmad
Ahmad, le vieux marocain, vient de s’assoir juste là, hors champ, face au village. Ses mains sont douloureuses. Il a ôté ses gants, posé le gros sécateur et regarde ses mains noueuses. Quand il sera mort et enterré des sarments naitront au bout de ses doigts.
Il travaille depuis quarante ans pour la famille Plantevin sur les hauteurs de Cairanne. Il a connu le grand père, le père et maintenant le fils, le plus dur de la famille.
L’hiver est doux, le mistral ne souffle pas, la taille était un plaisir aujourd’hui.
Ahmad habite seul une petite maison de pierre sur les bords de l’Aygues. Chaque dimanche il retrouve ses amis chez Gégène à Travaillan.
Il l’aime bien ce pays. Il sait qu’il finira ici. Le bled est loin, loin derrière.
Il commence à sentir les cailloux sous ses fesses. Il va falloir se lever, redescendre, reprendre son vélomoteur et regagner sa modeste maison.
Oui, il est bien ici, et pourtant il sent bien que quelque chose a changé…
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