Lignes
Hier, au couchant, la trajectoire d’une harde de sangliers croisait à l’exacte perpendiculaire une route de l’Aube sur laquelle je roulais à vive allure. La circulation était dense. La plaine tout autour, nue. La terre labourée, pas un un arbre à moins de cinq cent mètres et les silhouettes noires des bêtes qui se détachent sur le ciel jaune. Les bêtes sont passées, sans marquer le moindre arrêt. Et les voitures n’ont cessé de rouler. Aucun heurt. Comme si la piste des sangliers n’était pas dans le même monde que la route et ses véhicules.
Ce matin, au levant, plus loin, sur cette route du Berry, je m’arrête, coupe le moteur et descend de la voiture. Juste pour écouter le silence et sentir l’air, comme j’aime le faire dès que je m’éloigne des grandes agglomérations. Le givre recouvre la terre. On perçoit seulement un léger grésillement dans les câbles électriques. Des lignes, encore, des trajectoires, une toile sans cesse tissée et ce jaune intense où se perd la marche des pylônes.
jusqu’à quand notre inexorable course sera-t-elle source de beauté?
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