samedi 25 août 2018


Sur la Seine


(Moisson, Yvelines)

Anne est étendue sur le grand lit défait. Un air léger passe par les fenêtres ouvertes.
La maison glisse sur la berge, se pose sur la Seine puis va doucement vers la mer.
Elle va au gré du courant le long des rives arborées au pied des falaises blanches. Elle passe les écluses en toute discrétion, à Rouen elle ignore les lourdes péniches qui la regardent de haut, à Tancarville elle tangue sous le pont suspendu, au Havre elle vacille face au pont de Normandie fièrement haubané. Elle ne prête aucune attention aux usines, aux raffineries qui dressent leurs cheminées avec ostentation. Seuls les premières grues et les cargos à quai ont ses faveurs. Ils annoncent le large.
À l’embouchure le vent fraîchit par les fenêtres ouvertes, la maison roule, les mouettes crient. Anne se lève, monte sur le toit hisser les voiles, cap à l’ouest, elle part rejoindre son amant, un marin au long cours parti hier.

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