La délicatesse du papillon
(Piéride du navet, Pieris napi, sur tulipe, Vaucresson, 17 avril, 16h 10)
Le vieux lui avait montré comment s’approcher, sans mouvements brusques, sans faire d’ombre au papillon. Il avait raconté l’œuf, la chenille qui va sur les tiges et grignote la feuille, la chrysalide puis le papillon qui se déploie. Le vieux avait toujours son livre avec lui lors de leurs sorties, le livre des papillons, pour retrouver les noms qu’il ne parvenait plus à mémoriser.
« Vois, Arthur, une piéride du navet. Avant hier c’était une chenille vert vif qui se tortillait sur le poirier. La fleur a eu froid, elle en garde de petites pointes brunes au bout des pétales, le papillon la réchauffe, une caresse sur le pétale, la délicatesse de ta maman à ta naissance. Ta grand-mère aussi était un papillon, quant à moi je travaille encore à ma métamorphose. »
Arthur rentre en courant à la maison. Sa mère l’accueille d’une caresse sur ses joues rouges.
La nuit venue, après l’histoire et le baiser du soir, le petit Arthur se lève discrètement pour observer sa mère par l’entrebâillement de la porte de la chambre de ses parents. Elle est en train de se déshabiller. Il y a deux marques parallèles dans son dos, laissées par les bretelles de son soutien-gorge. Arthur n’y voit que les traces irréfutables d’ailes de papillon.
Magical.
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