Les Jumeaux
(Hendaye, 8h 20)
Pas de vagues ce matin, un peu de bleu dans le gris, les Jumeaux sont bien là.
Toujours le même rituel, regarder au large, puis la falaise, au nord.
Hier en marchant sur la corniche, je me demandais depuis quand ces rochers se dressaient là, je me demandais si un jour je les verrai s’effondrer alors que la falaise devient de plus en plus fragile.
On dit que le chevalier Roland, du haut des Trois Couronnes, lança, pour éventrer les remparts de Bayonne, un énorme rocher. Roland fit un faux pas sur la terre humide - il pleut beaucoup en Pays-Basque - et le rocher dévala la pente pour se briser en deux à l’extrémité nord de la baie d’Hendaye.
On dit aussi que sous un certain angle, les Jumeaux ont visage humain, regards durs, ne baissant jamais les yeux face aux tempêtes d’hiver.
On apprend encore qu’un troisième rocher se détachera un jour de la falaise qui s’effrite.
Avant que l’un d’eux ne disparaisse, ils seront trois. J’aime le chiffre trois qui unit les contraires.
Et si chaque matin je m’assure de leur présence, si chaque matin je les photographie sous un ciel toujours changeant, ce n’est sans doute que pour partager mon étonnement d’être toujours là, avec eux, prêt à jouer avec l’océan.
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