Le géant de bois
(Bonny-sur-Loire, 6 décembre, 13h 40)
Sur les bords de Loire un géant de bois était étendu sur le sable.
On pouvait voir ses empreintes profondes venir de l’eau.
Je me suis approché, il s’est ébroué. Du sable a glissé le long de ses bras.
Je rêvais de la douceur des fauves à l’heure de la sieste, m’a-t-il dit.
Je viens de loin, de la source, au pied du mont Gerbier-de-Jonc.
Je suis venu par la rivière, de l’eau aux genoux, effarouchant cygnes et canards.
Par la rivière sauvage, je vais à la mer. En aurais-je la force?
Je sens faiblir mon cœur, ma sève se tarir. On ne croit plus aux géants de bois.
Moi, lui ai-je répondu, je crois encore aux géants de bois. Je crois aux grues à tête de femme,
je crois aux rivières qui parlent, aux pierres qui sourient, à la mouche savante, je crois à la danse des fleurs, au chant des escargots, au cri du bourgeon, je crois en l’étreinte des arbres, je crois à la révolution des grains de sable, au soulèvement des étoiles….
Tant de choses… Je parlais, je parlais et grandissais à mesure. Bientôt je vis mon pied dans le sable bien plus grand que l’empreinte du géant.
Alors, à l’aide de longs fils noués à ses bras et jambes, j’ai soulevé le géant fatigué et nous sommes partis ensemble par la rivière, effrayant cygnes, canards et pêcheurs.
A wonderful story.
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