Les chiens errants
(Saint-Georges-de-l’Oyapock, Guyane, 24 mai 2023, 7h 10)
Six heures du matin à Saint-Georges-de-l’Oyapock, la brume libère les rues et les baraques, s’accroche encore au fleuve et aux grands bois. Le moteur de la première pirogue sonne l’Angelus. En répons, un coq puis un enfant secoué. Le père est déjà saoul. Le rhum le ride et le déraisonne, il en a tant bu pour tenir tête. L’enfant se tait, c’est maintenant la mère qui chante et le père gémit. La mère chante pour l’enfant et pour le père, pour tous les enfants et pour tous les pères qui ne savent pas faire. Sa voix balance avec les palmes, va avec la brume, le long des rues, le long des lignes, le long des arbres, tape sur la tôle et les murs avec la lumière du matin.
S’avance alors une troupe de chiens errants, des chiens fauves, des chiens noirs, et des chiens blancs, ils encerclent la femme et l’enfant et leurs gorges accompagnent le chant de la consolation.
Nous étions hommes, nous étions orpailleurs, soldats, bucherons, ferronniers, nous avions des maitres, des colliers et des chaines, maintenant nous sommes morts. Nous sommes revenus chiens, chiens sans attaches, chiens libres de suivre qui nous voulons. Aujourd’hui nous sommes avec toi, femme de Saint-Georges!
A strange, sad story. Do you suppose they were all happier as dogs?
RépondreSupprimer