dimanche 20 mars 2016


Printemps


Comme chaque matin Augustin et Marceline marchent à petits pas le long du canal. Ils se tiennent par la main, leurs pas sont à l’unisson et ils n’ont plus besoin de mots. Au fil des jours, les deux corps semblent de plus en plus frêles et leurs trajets raccourcissent.
Aujourd’hui c’est le printemps. Ils se sont arrêtés et regardent les cygnes s’ébattre. Imperceptiblement, leurs mains se serrent. Augustin se souvient des trois lattes du sommier brisées net lorsqu’ils se jetèrent sur le lit de ce petit hôtel de Chinon une après midi d’avril il y a trente ans. Marceline se souvient de la morsure des chardons lorsqu’ils s’étreignirent sauvagement dans un champ de l’Aubrac une après midi d’été il y a trente cinq ans.
Leurs doigts s’entrelacent, se caressent, puis se défont, les deux corps se rapprochent, Augustin effleurent les fesses de Marceline et Marceline glisse sa main dans la poche de pantalon d’Augustin. Et ils rient tandis que sur l’eau les plumes volent…

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