jeudi 5 mai 2016


La Beauté des Pièges


Mon dieu qu’elle était belle! Une robe d’un vert profond en rayonne souple et moulante, un décolleté vertigineux, des chaussures rouges à talons hauts, une épaisse natte noire qui glisse le long de la cambrure du dos, le visage sans fard, le front haut, deux petites rides verticales entre les sourcils, l’oeil sombre et déterminé, les lèvres entrouvertes en un léger sourire, et un collier de perles dont les reflets nacrés effleuraient la peau veloutée à la naissance des seins et captaient le regard. D’un subtil déhanchement, elle s’appuyait sur un poteau de bois blanc, un poteau planté là sur le bord du chemin, un poteau, sans fil, sans panneau, un poteau solitaire qui n’aurait été là que pour elle. D’un geste sensuel et à peine perceptible, elle caressait de temps en temps de ses longs doigts le bois veiné.
Je fus saisi instantanément, pétrifié en mon extrémité, aveuglé par l’éclat du collier et la perfection des courbes. Je me voyais  déjà rouler  les perles du bout des doigts sur le sein généreux, puis m’aventurer plus bas vers une perle de chair.
Je fus saisi définitivement. Elle ne m’a plus lâché. Elle me retient exsangue au fond de son antre. Quand à bout de force, je ne puis la satisfaire, elle m’abandonne pour d’autres proies, puis revient me prendre quand le sang est revenu.
Je ne sais combien de temps je pourrais tenir dans cette délicieuse agonie…

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