Métamorphoses
J’avais quinze ans. Je marchais sac au dos par une nuit sans lune sur une petite route de montagne bordée d’arbres. C’était mon premier voyage solitaire, mes premières nuits à la belle étoile à calmer mes peurs auprès des chiens errants.
Il devait être deux heures du matin, une nuit chaude de Juin. J’avais roulé une bonne partie de la journée, pris en stop par un couple de vacanciers, puis un épicier dans sa camionnette Citroën grise, et enfin quatre militaires en permission qui m’avait laissé à Saint Girons à une heure du matin. Ma destination était une maison à quinze kilomètre de là, sur les contreforts des montagnes. J’avais décidé de continuer à pied malgré la fatigue.
Ce fut une montée hallucinante. Le long de la route, dans le noir, les arbres étaient vivants. Ils tendaient leurs bras vers moi et murmuraient de sombres histoires. Je marchais au milieu de la chaussée, hors de portée de ces créatures. j’avançais rapidement, le coeur battant. Mais il y avait mêlée à la peur une délicieuse excitation, le bonheur intense de l’inconnu.
Arrivé dans cette grande maison vide, dont je savais où était cachée la clé, j’allais me calfeutrer tout en haut dans une petite chambre.
Je ris encore de ces frayeurs enfantines. Les arbres sont maintenant mes amis. Leurs métamorphoses, souvent féminines, maintenant me ravissent.
Ma seule crainte serait qu’ils disparaissent...
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