vendredi 16 décembre 2016


Tout est paisible à Montfermeil


C’est une matinée paisible à Montfermeil, les boueux viennent de passer. Aujourd’hui c’était Georges et Moussa sur les marche-pieds. Lucien les a salués puis a repris sa petite marche matinale. Levé à six heures, un café au lait et une demi viennoise dans le ventre, il va jusqu’au 153, où habitent les Jacquemont, puis retourne tranquillement jusqu’à son pavillon.
Ce matin, en passant devant les volets encore fermés, il se souvient des calendriers de l’avent de son enfance, de l’impatience de découvrir l’image qui se cachait derrière chaque petite fenêtre de carton et il imagine ce qui se trame dans ces maisons endormies. Il se souvient de l’odeur du sapin qui perd ses épines et  de ses fouilles obstinées, n’épargnant aucun recoin de la maison, incapable d’attendre le jour de Noël pour découvrir ses cadeaux.
Tou est paisible à Montfermeil. Lucien se souvient de ce jour où l’on chantait  Mon Beau Sapin à l’école maternelle. Il faisait semblant, honteux de chanter faux.  Et maintenant il chante avec ses petits enfants. Il se souvient d’un Noël où il faisait si froid que tout était verglacé et les autos glissaient dans tous les sens. Lucien ne conduit plus, il marche où prend le bus.
Il se souvient de tous ces matins d’hiver où à peine réveillé il se précipitait à la fenêtre pour voir s’il n’avait pas neigé. La neige se fait bien rare de nos jours.
Ce matin Lucien a le souffle court. Il a bien entendu aux infos  que seules les voitures aux plaques paires pouvaient circuler. Pourtant, dans celles qui passent dans sa rue il y autant de paires et d’impaires. Il a aussi entendu parlé de la Syrie. Une jeune femme a pleuré à la fin de sa chronique.
Il a été ému, un instant il a vu s’éteindre les guirlandes et les maisons s’effondrer, puis tout est revenu dans l’ordre.
Tout est paisible à Montfermeil.

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