Trésors
Autrefois je ramassais sur les plages ces morceaux de verre polis par la mer. Humides, ils brillaient, bruns, bleus et verts. Dans leurs reflets, je voyais trinquer les marins et chanter les sirènes. Je les gardais précieusement dans de grands bocaux fermés par un bouchon de liège.
Un jour je les ai vendus pour quelques centimes dans un vide grenier. Dans leurs vases clos, ils étaient devenus muets.
On n’en trouve plus maintenant, le verre est recyclé ou remplacé par des bouteilles de plastique sans reflet.
Je continue d’arpenter les grèves en quête de trésors, ce sont des bois, des galets percés, parfois des filets emmêlés aux couleurs vives. Ils me donnent des histoires et me parlent de gens que je ne connais pas mais qui sont comme des frères.
Sans doute le simple fait de chercher est déjà le début de ces histoires, sinon l’histoire elle même, celle d’un solitaire qui a mis tant de temps avant de parler et qui maintenant ne sait parfois plus s’arrêter. Celle d’un homme qui lorsqu’il lève les yeux tente d’écrire sur les lignes à l’horizon, comme sur un cahier d’écolier, ce qui est et ce qui fut.
(Baie de Somme, 30 novembre)
Ah, c'était donc vous dont j'ai heurté le front baissé avant de continuer mon chemin garni de coquillages et de bouts de nacre !
RépondreSupprimer(disséminés un peu partout chez moi et dans mes poches, ils me surprennent en caressant œil et main et me transportent vers l'horizon, jamais essayé de les enfermer)