mercredi 8 février 2017



Les Trois Couronnes


Ils étaient deux joyeux enfants qui chaque matin venaient se glisser dans le lit des parents. Chacun sa place, la fille entre le père et la mère, le fils du coté de la mère. On était calme quelques instants, le temps d’un câlin, le temps de goûter à la chaleur de ce lit grand comme un bateau. Puis c’était le chahut, on se grimpait dessus, on s’ébouriffait, on sautait, jusqu’à ce que les parents se lèvent. Alors on courait à la fenêtre pour faire comme papa qui chaque jour avant toute chose regardait les nuages et les oiseaux. On voyait au loin cette montagne, les Trois Couronnes.
Un jour, un chapeau de nuages parfaitement dessiné en couvrait le sommet. La fillette, qui était d’une curiosité sans limite, a dit: « je veux toucher les nuages! », en faisant  un geste  délicat avec la main. Alors ils sont partis tous les quatre . Ils ont grimpé sur les pentes herbeuses, entre les pierres et les crottes de mouton. Les enfants couraient, impatients. Ils couraient, loin devant. Soudain ils se sont retrouvés dans le brouillard, un brouillard si dense qu’on y voyait à peine. Ils se sont immobilisés. Derrière les parents leur criaient d’attendre. La gamine a pris la main de son petit  frère. Ils se regardaient un peu étonnés, à la fois inquiets et exaltés. Ils avaient fait bien plus que toucher le nuage, ils étaient dans le nuage.

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