Corona, Corona
(Sur la D 49 entre Saint-Babel et Sauxillanges, Puy-de-Dôme, 12 mars)
Un paysage, pas loin du col de la croix des gardes, une bouffée d’air avant de rentrer à la maison. Les écoles ferment leurs portes, Corona, Corona, la tournée est annulée, alors demain je rentre à la maison.
Henriette, quatre-vingt dix sept ans s’inquiète pour ses enfants. Moi, j’ai fait mon temps, dit-elle, alors il peut bien m’emporter celui-là, Corona, Corona, mais vous allez voir, je ne vais même pas l’attraper.
Roger est venu faire des photos du spectacle pour la gazette locale, c’est sa dernière sortie. Il est gros, diabétique et a soixante quinze ans, alors il faut faire attention, Corona, Corona, Roger a été flic, mais pas cowboy.
Laurence m’accueille avec un grand sourire dans son école. Elle ne me serre pas la main, et me demande l’air de rien si je ne viens pas de l’Oise ou du Haut-Rhin, Corona, Corona.
Au supermarché on se bouscule, le rayon pâtes est vide, Corona, Corona, Kévin fait des heures sup pour le réassort, il se frotte les mains.
Jules, quatre ans, me dit mon papa a un gros tracteur vert, nananère, nananère.
À l’hôtel Cyrius la patronne me montre son cahier de réservations tout raturé. Corona, Corona, j’ai autant de chambres que vous voulez, faites votre choix.
Il n’y a plus de neiges éternelles. Demain je rentre à la maison.
We are suddenly in a great emptiness. We have much to recover from, and the virus is only a small part.
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