jeudi 19 mars 2020


Une demande en mariage


(Vaucresson, 17h 30)

Au troisième jour de confinement, après un moment de stupeur, de pensée en suspend et de difficulté à me concentrer sur la moindre tâche, j’entame l’exploration minutieuse du jardin.
À 17h 30 je rencontre une tulipe, petite, discrète, solitaire parmi quelques primevères au pied d’un poirier nain. Elle me regarde timidement. Que se passe -t-il, dit-elle, la terre ne tremble plus, le ciel est clair, le silence inhabituel. Je ne sais comment lui répondre. Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle, ce qui nous arrive, à nous les hommes? Elle perçoit mon embarras. Ne dis rien, me dit-elle. Puis après s’être légèrement balancée dans le courant d’air: veux tu m’épouser?
Je lui réponds que je suis déjà marié. Ce n’est rien, dit-elle, l’amour doit essaimer, et puis ma vie est éphémère, dans quelques jours mes pétales seront à mes pieds puis ma tige finira par sécher, 
profitons de cet instant pour nous aimer, tu retrouveras ton épouse à la nuit dans un lit de bois.
Pourquoi pas, ai-je répondu. Alors elle m’a ouvert grand ses bras.

3 commentaires:

  1. How glad we are to see the flowers return...

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  2. c'est joli... oui, évidemment accepter ! tellement important de tendre l'oreille aux arbres, aux fleurs...

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  3. Ah, Pierre ! Quel amoureux fais-tu !
    Le Sud te salue et te dit " à vite"

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