Destinations
(Le Tréport, Seine-Maritime, 30 septembre 2020)
C’est un livre âpre, minéral, sombre. La lumière, rare, est celle des lampes à huile de baleine, nauséabonde. On y raconte l’émancipation de femmes qui ont vu la tempête emporter leurs maris, l’arrivée d’un chasseur de sorcières, l’amour entre la femme de celui-ci et l’une de celles de ce village de pêcheurs à l’extrême nord de la Norvège. Les Graciées de Kirian Millwood Hargrave.
Un livre où le paysage est indissociable de l’intimité des personnages. En refermant le livre, on veut aller voir, on veut aller sur les lieux du drame, où les hommes se sont noyés, où le sang a coulé, où des innocentes ont été brûlées, où l’amour ne survit que dans l’au-delà. C’est à Vardø, loin, au nord. L’histoire s’inspire des chasses aux sorcières qui ont eu lieu au 17 ième siècle sur ces terres sous emprise religieuse. L’artiste Louise Bourgeois et l’architecte Peter Zumthor y ont édifié un monument commémorant ces procès et exécutions. On veut aller voir ce paysage qui porte l’emprunte de notre part la plus sombre.
Ce sera une destination pour un prochain voyage.
Ce n’est pas la première fois qu’un livre me provoque à ce point le désir d’aller voir, en vrai. Ce qui provoque ce désir c’est la relation intime au paysage, la symbiose entre paysage extérieur et paysage intérieur.
Le Livre de Yaak de Rick Bass, magnifique plaidoyer pour sauver la vallée de Yaak des exploitants forestiers et miniers, une vallée au cœur de laquelle vit l’écrivain, avec laquelle il fait corps, m’avait déclenché le même désir.
J’irai un jour dans cette vallée du Montana. C’est dit, c’est écrit, il le faudra donc. Ne tardons pas trop.
J’irai éprouver ces paysages.
THis picture is superb! And I hope you will someday see some of these places. I hope that someday I will see...
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