La Dame blanche
(Autoire, Lot, 7 novembre, 11h 30, 11h 35, 11h 50)
Ils avaient marché jusqu’au fond du vallon, où le sentier se heurte à la falaise, où l’eau du Causse se jette joyeusement dans le vide, où la pierre est glissante, où le soleil se fait attendre.
Au pied de la cascade, le Vieux avait trempé ses mains dans l’eau froide, puis s’était aspergé le visage en fermant les yeux. Arthur l’avait vu sourire, un sourire contagieux, un sourire comme un souvenir, un souvenir du temps où on ne sait rien.
Alors le Vieux avait dit:
J’écoute la Dame blanche, celle qui recueille les histoires des hauts plateaux et les répand dans la vallée, celle qui enfante, arcboutée au rocher, celle qui nous nourrit et nous rafraîchit.
Elle me parle d’un temps où elle était capable d’écarter les montagnes, de creuser la route jusqu’à la mer, d’un temps où les êtres humains n’étaient pas encore là.
Elle est arrivée, silencieuse comme un nuage, à grandes enjambées sur une terre où il n’y avait que des pierres. Son ventre était énorme et ses jambes interminables.
Il y avait là sur un caillou une grenouille desséchée, une grenouille cramoisie qui paraissait aussi plate qu’un manuscrit, une grenouille à l’agonie qui ne trouvait plus ses mots.
Zut…zut…soif….murmurait le batracien.
La Dame blanche l’a prise dans ses mains et a posé ses lèvres sur sa bouche. Un long et tendre baiser. La grenouille s’est regonflée, et s’en est allée à grands bonds sur les pierres sèches.
La Dame blanche a regardé autour d’elle ce paysage désolé, dont la seule pointe de joie était la tache verte qui bondissait de pierre en pierre.
Elle décida de faire son lit de ce pays. Elle creusa un large trou dans le sol et mit au monde des arbres, des bêtes et des hommes qu’elle se promit d’allaiter tant qu’elle en aurait la force.
C’est elle, Arthur, qui se dresse devant toi.
Alors Arthur a plongé ses mains dans l’eau, s’est aspergé le visage en fermant les yeux, et le Vieux l’a vu sourire, un sourire contagieux, un sourire comme un souvenir, un souvenir d’un temps où on sait beaucoup, beaucoup de choses.
All three of these are magnificent. Waterfalls are not easy to capture meaningfully, but you have done so! C'est beau!
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