Le bruit de l'eau
(Uzerche, Corrèze, 22h 45)
J’entendais la mer, mais je ne la voyais pas.
Le soleil n’était pas encore levé lorsque j’ai quitté Hendaye.
Le son de l’océan comme le bruit lointain d’une route.
D’Hendaye à Uzerche j’ai vu l’automne, encore l’automne, resplendissant, rouge, brun, orangé, jaune, fauve, un hymne à la gloire des arbres.
J’ai vu des châteaux, aux meurtrières des gardes qui n’existaient pas, et pourtant.
J’ai vu des fermes anciennes, des bœufs sous le joug qui patiemment attendaient d’être attelés.
Et la courbe des sillons sur les collines douce au regard.
J’ai traversé la Garonne, puis la Dordogne.
Et les lignes de vignes qui strient le paysage, et la femme chargée de cabas pleins à craquer qui titube au milieu de la route.
À Pompadour j’ai vu Madame vêtue de strass et taffetas conter romance à un alezan.
À Saint-Martin-Sepert, je me suis dit que c’était un bel endroit pour s’égarer. Là, j’aurais voulu m’appeler Martin.
À Saint-Ybard, je me suis dit que c’était un bel endroit pour mettre les bouts. Là, j’aurais voulu laisser mon nom sous le paillasson.
À Uzerche j’ai pris chambre à l’hôtel Teyssière, au bord de la Vézère.
Il fait nuit, j’entends la rivière mais je ne la vois pas.
Le bruit de l’eau, tout ce qui ce soir se dit dans les rêves.
A wonderful image!
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