La roue tourne
(Vaucresson, 22 avril, 16h 30)
Personne ne sait encore si tout ne vit que pour mourir ou ne meurt que pour renaître.
(Marguerite Yourcenar)
La roue tourne.
Viennent de partir des hommes qui ont compté.
J’ai un jour croisé Michel Bouquet sur un trottoir à Lyon. Je venais de voir Minetti de Thomas Bernhard avec l’immense acteur et j’avais dans ma poche le livre d’entretiens avec Charles Berling, Les Joueurs. Je remarquai à peine ce petit homme discret coiffé d’un chapeau gris. Quand je réalisai qui je venais de frôler, je fis demi tour et l’interpellai avec timidité. Je n’oublierai jamais ce regard à la fois vif, plein d’humilité, aussi perçant qu’attentif tandis que je le remerciais de ce qu’il était et transmettait. Nous avons parlé à peine quelques minutes. En partant il m’a salué en soulevant légèrement son chapeau. J'avais une folle envie de théâtre.
L’un des films qui m’a le plus marqué dans ma jeunesse est La 317ième Section de Pierre Schœndœrffer avec Jacques Perrin. Plus récemment j’ai été profondément ému par L’Empire du Milieu du Sud , documentaire de Jacques Perrin sur L’Indochine (Sorti en 2010), une région qui a marqué notre histoire familiale. En sortant de la salle je pressentais l’urgence d’aller là bas sur les traces de mon grand-père et de mon père. Je n’y suis toujours pas allé. La disparition de cet homme dont j’admirais autant le travail d’acteur, auteur, réalisateur, producteur que la droiture et l’humanité ravive ce désir.
Et puis aujourd’hui j’apprends la mort du chanteur Arno, un poète brut, un rocker au cœur de porcelaine, un révolté d’une rare authenticité qui ne bégayait plus derrière son micro.
Ce soir j’écoute encore en boucle une chanson qui m’avait tant plu à sa sortie , dans le disque Human Incognito, Je Veux Vivre.
"… Je veux vivre dans un monde
Où les chiens embrassent les chats
Et où… ils dansent ..
Ils dansent une rumba.
….
Je veux vivre dans un monde
Où Dieu il est amoureux
Je veux vivre dans un monde
Sans chichis, et où... les cons
Font pas de bruit ..."
It can be a great milestone in one's life to spend a few minutes with someone like that. In the 60's and 70's I met and interviewed many celebrities. I always tried to find a way to NOT talk about the things that everyone else did. The highlight was spending a few hours on a Saturday in 1966 with Peter Ustinov. We talked about Billy Budd, which he directed. I wrote him a letter to thank him for that, 40 years later, just before he died. I hope he was able to read it.
RépondreSupprimerMerci Pierre, très belle journée Marie - Pierre
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