J'ai descendu dans mon jardin...
(Chrysoméles du romarin, Vaucresson, 18 juin, 20h 35)
Il n’y avait qu’un disque à la maison. Un disque de vieilles chansons françaises.
J’avais les yeux à hauteur du phonographe sur la table basse. Ma mère se penchait pour placer le disque. Je voyais d’abord ses mains, longues, fines, qui tenaient le disque avec tant de précaution. Puis je levais la tête, je voyais alors se balancer au bout de deux lobes charnus, une paire de boucles d’oreille qui attrapaient la lumière. La première chanson était « J’ai descendu dans mon jardin pour y cueillir du romarin », puis il y avait « Nous n’irons plus au bois, les lilas sont coupés », « Il était une dame tartine », « Malbrough s’en va-t-en guerre », et d’autres encore.
Je regardais tourner le disque jusqu’au bout, puis je disais « encore », pour les mains, pour les boucles qui se balançaient, pour le romarin dans le jardin, le parfum du lilas, le palais sucré de dame Tartine, et le chagrin de dame Malbrough. À la maison on ne chantait pas, alors j’écoutais, je regardais, seulement, de tout mon cœur.
Et ce soir je chante « J’ai descendu dans mon jardin…. »
This brought back memories from when I was 2 or 3-- I don't have many from that age. But brief as they were, they were vivid.
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