Soigner avec nos fantômes
(Crique Pierre, Saint-laurent-du-Maroni, 3 juin, 17h 40)
Je titube, comme le marin de retour après des mois de haute mer.
Il est tard. À Vaucresson La nuit de juin a un parfum d’adolescence.
Je viens d’assister à une rencontre avec Philippe Charlier, medecin et ethnologue, Delphine Horvilleur, rabbine et écrivaine, et Wajdi Mouawad, metteur en scène, sur le thème Soigner avec nos fantômes, au formidable festival Récithérapie à l’hopital Pitié-Salpêtrière.
Le frigo ronronne comme le bruit lointain d’une pirogue solitaire qui remonte le fleuve.
Je suis immobile dans la maison vide. Je tends l’oreille. le chant des grillons est resté, au creux, comme un acouphène, un délicieux acouphène.
J’écoute. Je n’attends rien. Je sais que la nuit est peuplée.
Sophie est auprès de ses parents, vieux et malades. Elle m’a rapportée il y a quelques jours cette phrase stupéfiante de sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer:
Si on faisait l' autopsie de mon être, on verrait que je suis avec vous sans être là.
Je la réentends ce soir. Nous savons si peu de ceux dont nous devons prendre soin. Acceptons cette ignorance, tendons l’oreille, apprenons.
It is an amazing sentence. My mother lingered with dementia for 10 years, dying when she was in her mid 90s. One of my brothers was taken by Alzheimers. The body should not outlive the brain.
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