jeudi 1 juin 2023

 

Marie Emmanuel

(Saint-Jean-du-Maroni, Guyane, 11h 40)

Sauterelle, criquet ou grillon, je n’ai pas encore réussi à identifier ce merveilleux insecte.

Il était posé près de la tombe de Marie Emmanuel Debray au cimetière des relégués de Saint-Jean-du-Maroni. 

Il n’y a que deux tombes identifiées parmi des centaines dont il ne reste que l’emplacement marqué par un rectangle de fougères.

Deux tombes, quelques pierres à moitié enterrées, des bougies, deux noms, Marie Emmanuel Debray et François Baumann.

Étaient condamnés à la relégation les récidivistes, même pour de petits délits, que l’on jugeait incorrigibles, irrécupérables. Bannis de notre bonne société, bons pour les colonies, à l’autre bout du monde, en Guyane ou Nouvelle-Calédonie.

Marie Emmanuel, plombier couvreur de profession, condamné pour quelques vols et tentatives de vol, est mort ici à 39 ans au bout de dix ans de travaux forcés, après s’être vu refuser une n ieme demande de relégation individuelle (une mise en liberté avec interdiction de quitter le territoire).

Le cimetière est sur une butte, entourée de jungle. Le silence est impressionnant. La forêt se tait.

Un peu de vent, le bruit d’une feuille ou d’une graine qui tombe et cet orthoptère qui me regarde, les antennes vibrantes, posé sur une branche épineuse qui se balance légèrement au dessus de la sépulture de Marie Emmanuel Debray.

Alors, en attendant de trouver le nom exact de  l’insecte, petit bout de vie qui se laisse approcher sans crainte, je l’appellerais Marie Emmanuel.


Dans le post du 5/10/2015 je parlais déjà de ce lieu.

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