mardi 27 février 2024


L'Homme Tortue

(Une histoire d'Arthur et le Vieux)

(Forêt de Rambouillet, 15 février, 13h 55)

(Un petit coin de forêt que j’aime bien, posts du 8 octobre 2021 et du 17 février 2021)



C’est un mois de février printanier. Arthur et le Vieux vont sur les sentiers sablonneux de Rambouillet précédés de nombreux papillons jaunes.

Ils s’arrêtent devant la cabane verte prise dans les pins, en bas de la Route du Chêne du Renard, juste avant Les Hayes.

La porte et les volets sont fermés. Le Vieux appelle. Personne ne répond.


Personne, dit le Vieux, il a du aller faire un tour.

Qui?

Mon ami, c’est sa maison.

Comment il s’appelle?

Je ne sais pas, je l’ai toujours appelé L’Homme Tortue. Je passais un jour par là, lorsque je l’ai vu me faire signe du pas de sa porte. Il tenait un stylo et un carnet. Il voulait m’échanger un peu d’encre contre une histoire ou deux, son stylo était sec. Ça tombait bien, j’ai toujours sur moi de quoi écrire. Je lui ai donné mon stylo, un stylo bic quatre couleurs. Il m’a dit chouette je vais aussi pouvoir dessiner. Voici son histoire, la première qu’il m’a racontée:


C’était un brave et gros homme tortue qui allait partout sa cabane sur le dos.

Il fit halte un jour de printemps dans une clairière plantée de jeunes pins.

Il posa sa bicoque et parla aux arbres nouveaux.

Cet homme tortue avait déjà beaucoup voyagé. Il était très bavard.

Il parla si longtemps qu’il ne vit pas passer le temps et grandir les arbres.

Quand il se tut, une haute futaie encerclait l’homme et sa maison.

Impossible de se faufiler entre les troncs, son lourd bagage sur le dos.

C’était un signe, il était temps de s’établir.

Il choisit de rester et surtout de noter tout ce qu’il avait  dit.


Voilà, Arthur, l’histoire de mon ami. Je viens parfois ici lui échanger de l’encre contre de nouvelles histoires. Aujourd’hui il n’est pas là, il est sans doute aller courir après les papillons.

Et aujourd’hui t’as un stylo?

Oui

Tu peux me le donner?

Bien sûr, mais ce n’est pas un quatre couleurs, c’est un noir.

C’est bien aussi. Tu me le donnes?

Tiens Arthur.


Arthur prend le stylo, le met précautionneusement au fond  de sa poche. Il compte bien le garder et repasser par ici, tout seul.

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