Estampe
(Route de Courboissy, Prunoy, Yonne, 8h 10)
Je vois les morts aussi bien que les vivants.
Comment les distingues-tu?
Les morts n’ont pas de pied.
Jean-François me rapporte ce dialogue avec l’un de ses amis. Nous évoquons les autres mondes.
Dans les estampes japonaises les morts sont représentés sans pied, me dit-il.
Jean-François m’a accueilli hier soir. Nous avons beaucoup parlé, la conversation reprend au petit matin. Elle pourrait durer des jours, mais je dois partir. Reprendre la route. Pour retrouver Sophie. Pour les derniers adieux à sa maman.
Au croisement des routes de Dicy et de Courboissy, je vois ce héron émerger des brumes. Je ne vois pas ses pattes. Est-il mort ou vivant? Je m’arrête. J’attends. Il ne bouge pas. Immobile, absolument immobile. L’air est frais. D’autres oiseaux chantent. J’attends. Longtemps. Est-il mort? Il avance de quelques pas dans l’herbe tendre. Je ne vois toujours pas ses pattes.
Soudain, il ouvre grand ses ailes et s’envole majestueusement.
À cet instant, je vois ses pattes. Il est bien vivant!
Precioso relato y además una buena reflexión sobre el mundo de los vivos y el de los muertos.
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