samedi 13 février 2016



Les Saisons


 Thérèse est montée tout en haut du dôme pour voir un film, Les Saisons de Jacques Perrin.
La salle était quasiment vide. Elle a posé son manteau noir sur le siège d’à coté puis elle s’est laissée aller. Des boeufs musqués dans le blizzard, des chevaux sauvages poursuivis par des loups, des cerfs qui brament, et des arbres, des arbres à perte de vue. Elle a soupiré, souri, elle a eu chaud, puis froid, elle a eu peur, été émue, elle a frissonné, elle s’est rappelée  avoir fait l’amour sur les flancs du pic du midi derrière un rocher, elle s’est souvenue de la force des vagues, de la brulure des orties et du goût des myrtilles. A la fin du film elle a applaudi, réveillant l’un des rares spectateurs qui s’était endormi deux rangs plus loin. Puis elle s’est levée, a remis son manteau noir, bien fermé et, les mains dans les poches, elle est redescendue, tout en bas, avec cet air renfrogné qui ne la quitte plus depuis qu’elle a été expropriée de sa petite maison rue du bois à Nanterre…

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