mercredi 6 juillet 2016


Adolescence


 Depuis un long moment je regarde la porte ouverte. Revient sans cesse une de ces images de mes rêves adolescents. Deux longues pattes apparaissent, puis ce sont d’énormes chélicères  noires. C’est une araignée géante, qui s’avance lentement; une Recluse Brune, une araignée solitaire, nommée aussi Araignée Violoniste à cause de la forme de violon de son céphalothorax; Elle s’avance lentement, tandis que monte d’un vieux Teppaz brun posé sur la dalle déserte le Quatuor n°1 de Giacinto Scelsi. La nuit vient. Une lueur se reflète sur le vinyl noir; rien n’est écrit sur l’étiquette rouge au centre du disque qui semble tourner depuis toujours.
Pétrifié, je regarde progresser l’araignée sur le béton. Parfois elle s’arrête et ses crocs se mettent à bouger au rythme des cordes.
Soudain, c’est un cri, une porte qui claque et un garçon qui coure dans les escaliers les larmes aux yeux. Un garçon  sur une mobylette bleue qui file à toute allure sur des sentiers forestiers, qui file jusqu’à ce que l’air sèche les larmes, et le parfum de l’humus le libère de ses cauchemars …

1 commentaire:

  1. hé bé ya de bien belles tranches de vie dans ce travail!
    Bonnes vacances! Occasions, sans doute de nous conter des histoires....avec des images.
    Françoise Lardeur

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