Les Santiags du Marin
J’ai rencontré un vieux marin avec un Christ tatoué sur la poitrine et deux boucles à l’oreille gauche qui ne descendait jamais à terre sans ses Santiags et un couteau glissé dans la botte. Nous avions le même goût de l’odeur des ports, des quais déserts et des bas quartiers.
Le coeur à vif et les yeux tristes il m’a parlé des femmes dont il ne reste parfois que les noms sur la tôle et sur les bras, il m’a parlé du bruit des machines et des nuits sur le pont, il m’a parlé des escales où la vie s’accélère.
Je lui ai parlé des levers de soleil sur la plaine et des virages dans les montagnes, des fleurs sur les talus et des filles qui attendent dans les cafés de bord de route.
Il était gravement malade. Je ne sais pas pourquoi nous en sommes venus à parler de boules à neige, sans doute n’y avait-il à l’envers des peaux tannées que des mômes en vadrouille.
C’est à Lourdes que l’on trouve le plus de ses boules où il neige sur des illusions. Il y était allé alors qu’on ne lui donnait plus que quelques mois de vie. Il ne s’est pas plongé dans la piscine miraculeuse, il en serait ressorti tout au plus avec des Santiags neuves m’a-t-il dit.
Il n’empêche qu’il est toujours là avec ses vieilles bottes parfaitement cirées et cette soif de raconter…
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