Papillon
Rick Delaveine était happé par les filles comme les papillons par la lumière. Celle ci s’appelait Anna. Il l’avait croisée dans un bar à fado à Lisbonne. Elle lui avait parlé de l’Elllens Café qui donnait sur la mer du nord prés de Mölle, en Suède, à 3000 km du Portugal. Dimanche, alors qu’il n’avait aucun concert prévu pour les jours suivants, il est parti sur un coup de tête, juste après la défaite de la France à l’Euro. Il n’aime pas trop le foot, mais il aime le suspens. Il regarde les matchs de foot comme un bon vieux film d’action américain. Le Portugal avait gagné, il a pensé à Anna, et il est parti pour l’Ellens Cafe. Il a traversé la Belgique, la Hollande et l’Allemagne d’une traite en écoutant en boucle Autobahn de Kraftwerk. Les autoroutes défilaient comme des kilomètres de partitions. S’il ne retrouvait pas Anna, il aurait au moins de quoi composer un nouveau morceau.
Le plus surprenant, c’est qu’elle était là, à l’Ellens Café, serveuse de 10h à 17h. Il est arrivé à l’ouverture, les yeux rougis et le dos raide mais sûr de sa bonne étoile. Elle était là. Elle ne l’attendait pas, mais c’était bien. Pour le service elle avait une robe verte à pois blanc style rétro, et elle avait toujours son rouge aux ongles et aux lèvres. Il lui a dit qu’elle avait le look Vespa; Rick aime les voyages et les fringues. Elle a ri et lui a répondu: Je finis à 5h, attends moi au phare au bout de la péninsule.
Il a attendu toute la journée assis sur une pierre en tapotant sur ses genoux la partition à venir.
Elle l’a rejoint à dix sept heures quinze, Rick a toujours le souci du détail.
Et maintenant elle est là debout dans la lumière du nord, et il lui tourne autour en battant les bras et poussant de drôles de petits cris joyeux…
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