TGV
Dans le TGV entre Montpellier et Bézier, je photographie le ciel. Là bas, rien ne bouge, où si lentement, et ce ciel me plait, alors je déclenche l’appareil, plusieurs fois. Quand je regarde les photos deux jours après, je suis surpris de constater que l’image ne ressemble en rien à la paisible beauté d’un coucher de soleil. Je me souviens de rêves récurrents que je faisais adolescent où sautant d’un haut plongeoir, après l’exaltation du vol, j’étais incapable de remonter à la surface. Je me souviens de tous ces rêves où je voyais agir mon double en dessous, j’entends le bruit des trains quand deux TGV se croisent à pleine vitesse, j’entends toutes ces jeunes filles interviewées au Louvre le soir des élections, leur débit de mitraillette et leur foi inconsidérée dans l’aventure du grand capital, je vois les fumées noires et le ciel trop rouge. Rouge au couchant, grand vent le lendemain, dit-on à Camaret-surAygues.
Le TGV m’a conduit à deux cent à l’heure jusqu’ à ce village tranquille du Minervois où dans le silence j’écris ces quelques mots sur un ordinateur Apple. Cette image me fait l’effet des grésillements que l’on entend parfois en pleine campagne sous les lignes à haute tension.
Je sais qu’il faut faire confiance à la jeunesse, je m’émerveille des nouvelles découvertes et des avancées technologiques, mais je suis inquiet et me sens de plus en plus empêtré de contradictions. Le train finira par dérailler.
Je lève les yeux de mon ordinateur. Par la fenêtre de ma cabane je vois un ciel bien plus doux, le ciel et les arbres en dessous. J’entends les oiseaux, il est neuf heures, il fait encore jour.
Oui, il serait bon de ralentir.
Ciel, un billet d'humeur !
RépondreSupprimerDifficile "d'être de son temps" que l'on soit jeune ou pas.
Il y aurait tant à dire concernant l'insécurité et l'angoisse que provoque cette agitation!
Nous en reparlerons.