L'Amour des Arts
(la Touraine, A. calder)
« Un mobile est un poème qui danse avec l’allégresse de la vie et de ses surprises »
Alexandre Calder
« Il en est pour moi de la peinture, comme de la poésie pour ce troubadour du XI ème siècle:
… « Mon poème est fait, je ne sais pas sur quoi,
Je le transmettrai à celui
Qui le transmettra par quelqu’un d’autre
Là bas vers l’Anjou,
Pour qu’il me transmette de son étui la contre-clé »
(la contre-clé, c’est la deuxième clé qu’il faut avoir pour ouvrir. Avec une seule, rien ne s’ouvre). »
Pierre Soulages
C’était le 27 juillet , une halte à Rodez au musée Soulages qui accueille une exposition Calder.
Nous y étions à l’ouverture, bénéficiant de salles quasiment désertes. Un moment de grâce. Légèreté des cieux avec Calder face à la densité de la terre avec Soulages. Me vient l’image d’un derviche tourneur.
Ce n’est que quelques jours plus tard que j’ai remarqué mon reflet dans le bleu de la gravure de Soulages. L’appareil photo disparait, ne reste que la main, la main d’un derviche, une main qui remercie, une main qui fouille le mystère de la couleur.
Cette gravure plait particulèrement à Sophie, qui m’accompagne depuis si longtemps, avec qui nous partageons ce même amour des arts. Cette main est une invitation à nous y perdre un peu plus, au plus profond du bleu. Tant de choses encore à découvrir.
Nous sommes arrivés à Rodez par des chemins de traverse. La veille nous avons rendu visite à des amis artistes, l’un à Pont-de-Barret dans la Drôme, Bertrand Boulanger, constructeur, bricoleur de génie, dont les objets de fer et de bois ont la puissance des sculptures africaines et des kachinas amérindiens, l’autre à Dieulefit, Christiane Vielle, magnifique graveur qui donne à voir le geste dans ses encres, une oeuvre qui allie puissance et délicatesse, qui apaise, appelle à la méditation, envisage les traces comme les origines, en lien profond avec la nature, l’essence de la nature, la géologie, les mouvement tectoniques. Calder en écho à Bertrand, Soulages en écho à Christiane.
D’un artiste à l’autre, par de petites routes, parcourant des paysages sans cesse différents, au grès du vent, nous allons , deux silhouettes reliées, un mobile.
( Gravure de P. Soulages)
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