mardi 12 septembre 2017


Une Seconde


(Dans l'Aude, je ne sais plus où, 2 juin)

L’homme qui passe baisse la tête, rentre les épaules. Il marche sans bruit, il est invisible. Les chiens n’aboient pas, ils le regardent, il est des leurs. Il est devenu chien à force d’errance, il a appris à se nourrir aux poubelles, à éviter les regards hostiles. Il sait se terrer quand il le faut. Il est rarement le bienvenu. Il ne sait plus  d’où il vient, ni où il va. Il peut rester plusieurs jours sous un porche, dans un trou, dans un arbre creux. Il n’aime pas le bois qui brûle, il préfère le froid, ou bien s’enfouir. Il frôle les grilles,  parfois un souvenir éclaire son regard, une seconde; là, c’est une femme brune en robe de mariée, de dos, à l’avant d’une Ford Taunus bleue. Il y a un petit chien gris qui balance la tête sur la plage arrière. la route est noire, les champs dorés, le soleil incandescent; une seconde.

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