Le banc des maîtresses
(Soustons, Landes, 26 février)
Le banc jaune, le banc des maîtresses. Pendant la récréation Victor reste là, debout à coté du banc, à coté de la maîtresse. Victor vient d’arriver, il ne parle pas français, tout l’effraie. Il n’ y a que la main de son institutrice qui le rassure, une main douce, pas aussi douce que celle de sa mère, mais douce quand même. A l’annulaire, il y a une bague avec un grenat rouge sang, une goutte de sang comme quand on se pique aux ronces ou aux barbelés. Quand Victor se pique, sa mère aspire le sang, de ses lèvres soyeuses. Il est certain que l’institutrice ferait pareil, mais ici il n’y a ni ronces ni barbelés, juste un monde qu’il ne connaît pas encore.
Il y a tant de mondes qui nous sont inconnus, Victor ne fait que toucher du doigt ce qui l'attend. Heureusement, les maîtresses sont là et veillent.
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