vendredi 9 février 2018


Neige et Mojito


(Saint-Laurent-du-Maroni, Guyane, mai 2009)

Ce matin répétition à dix heures à Montreuil. Neige et verglas, conditions de circulation difficile, je pars à sept heures. Évidemment, il n’y a personne sur la route et j’arrive très en avance. Je marche au petit jour dans les rues de Montreuil, les volets s’ouvrent, les fenêtres s’allument, quelques passants emmitouflés marchent avec précaution sur les trottoirs verglacés. On part travailler, on conduit les enfants à l’école, on gratte les pare-brises, on prend son temps, on joue un peu avec la neige. Les voitures stationnées sont comme des tartes au citron meringuées, les rues couvertes de sucre glace. Une glissade et les bras battent l’air. Une femme promène un chien chaussé de petites bottes, un homme grelotte sur un pas de porte, un enfant lance une boule de neige sur son père.
J’entre dans un bar. Le Mojitos, chapeaux de paille accrochés aux murs, néon rouge, publicité Despérados, au plafond, drapeaux breton, cubain, américain, canadien, algérien, sur une vitre l’affiche du prochain concert rock avec les Frankistadors.
Il ne m’en faut pas plus pour balayer la neige d’un revers de main, convoquer les vieux potes Rick Delaveine, Bernard Leduc,  et Johnny Walker sur les bords du Maroni, et ne rien faire d’autre que  regarder passer les pirogues,  et refaire le monde  au tempo lent du grand fleuve.

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