mardi 30 octobre 2018


"Comme un lundi"


(Vaucresson, 25 octobre)

Hier il faisait gris. J’ai acheté un livre, au rayon poésie.  Ça s’appelle «Comme un lundi ».
Un livre qui a le parfum d’une vieille sacoche de cuir, les couleurs de derrière la fenêtre au premier regard du matin, un livre qui brille comme une bougie d’anniversaire.
Aujourd’hui le vent joue avec les nuages, le soleil se faufile, j’ai lu tout le livre, Je suis comme un enfant qui veut faire pareil.

Comme on ferme les yeux

Je voudrais garder quelque chose de ce que je vis. Garder quelque chose de maintenant. D’aujourd’hui. De ce moment. Le temps est en sable. Le ciel a une couleur de brique. Nous sommes un soir d’été. Un petit garçon dort dans son lit. je viens d’aller le voir. Nous sommes restés tous les deux depuis le début de l’après-midi. Sa mère est allée vendre de vieilles affaires dans un vide grenier. Je voudrais garder quelque chose de ce que je vis chaque jour. D’elle heureuse. Des journées enfant.  Du pouvoir de faire rire. De rassurer. D’une araignée sur le mur. Du parfum de tilleul. Des livres. de la lumière rassurante. Des radis. Je sais que je vais tout perdre. On finit toujours par perdre ces Maintenant. Ils disparaissent. Je n’ai pas trop d’idée. Pas trop de vocabulaire. Je fais des fautes d’orthographe. Je voudrais juste en garder quelque chose. Quelque chose de vivant. Autre chose que la conscience que j’en ai. Autre chose que la peur de le perdre. C’est la raison pour laquelle j’écris ces mots. Ce n’est pas de la littérature, c’est de l’amour. J’écris comme on ferme les yeux en embrassant quelqu’un.

(Comme un lundi, carnet de bord assis tout au bord du temps, Thomas Vinau, édition La fosse aux ours)

2 commentaires:

  1. je voudrais aussi, je voudrais tellement mais goûter cette musique-là et se reconnaître, une telle douceur

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