Insouciance adolescente
(Hendaye, 9 octobre)
Je savais qu’il y aurait des vagues. Oui, je l’avoue j’utilise moi aussi ces applications « météo-surf ». Aucune obligation pendant quelques jours, alors j’ai pris le premier train pour Hendaye.
Éprouver le corps vieillissant aux facéties de l’océan. En descendant de la gare, plus j’approchais de chez moi, j’habite à cent mètres de la plage, plus j’entendais la mer. C’était bon signe, très bon signe. J’avais les vagues à ma porte, inutile d’aller jusqu’à Bidart, l’un de mes spots favoris. De toute façon je n’avais pas de voiture.
J’ai surfé toute l’après-midi et maintenant je marche sur la jetée, aussi léger qu’un nuage.
Quand j’étais adolescent, le club de surf se trouvait au pied de l’ancien casino, ce gros bâtiment de style mauresque qui fait face à la mer au centre de la plage. C’était un minuscule local où s’entassaient de grandes et lourdes planches. Nous étions peu nombreux. Les jours sans vagues nous restions là, devant la porte, assis sur les rochers qui protégeaient le bâtiment, rêvant aux lointains, terriblement insouciants. Nous guettions l’apparition d’un signe annonciateur de vagues. L’avenir ne pouvait être que radieux.
Je me souviens d’un rêve fait quelques années plus tard: la plage entière était bétonnée, des requins croisaient au large. Une sourde inquiétude grignotait lentement l’insouciance, comme les tempêtes grignotent le trait de côte.
Ce n’était qu’un rêve, mais désormais il me fallait apprendre à vivre avec cette idée que, non, l’avenir ne serait pas nécessairement radieux, qu’il y aurait à lutter, qu’il n’y avait pas de liberté sans fraternité ni respect de la nature.
Ce soir, je marche léger comme un nuage, je souris à cette insouciance adolescente que nous avions sur les marches du club de surf, elle est malgré tout le socle de nos batailles, ce qui les rend joyeuses.
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