La Mue
(Rorota, Guyane, 17 mars)
Corsetée serrée, soies et dentelles rouges et noires, bottines à talons vert-émeraude, chapeau à rubans sur chignon royal, boucles de nacres et collier de perle, Eugénie de Saintonge avait embarqué sur le trois mats La Valentine le vingt et un mars 1870 vers la Guyane.
Pour rien au monde elle aurait laisser partir seul son mari, officier de marine, nommé gouverneur à Cayenne. Pour rien au monde elle aurait abandonné ses étoffes et ses parures. Il avait fallu porter quinze malles à sa suite.
Déjà au bout de quelques jours de grand large, son chignon vacillait, le corset s’était relâché d’un cran. Subrepticement la mue s’amorçait.
Accoudée au bastingage, Eugénie regardait l’océan, sombre et mouvant. Qu’allait-elle trouver là-bas. Elle avait peur. Elle ignorait que bientôt elle irait sans corset, pieds nus, ses tenues abandonnées sur le plancher telles les exuvies de cigales.
Voici, pour elle, un lien qui, quoique moins exotique, lui donnera du fil à retordre ... https://www.zoom-nature.fr/une-liane-serpent-dans-nos-forets/
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